|| K a n d h a r _ e.c

Il le reconnu aussitôt. Peut être était ce ces traits, marqués de soleil. Une peau brune, presque noire. De grands yeux sombres dans lesquels brillait l'éclat d'intelligence propre à aux Carmichaël. Les deux garçons se jaugeaient du regard d'un bout à l'autre de la salle, enveloppant Poudlard d'une belle aura placide. Une haine presque fraternelle qui marquerait leur existence. Ils en étaient conscients désormais et les mots mille et une fois lu et relu prenaient soudain tout leur sens. Gaspard Carmichaël arborait cette suffisance démente qu'il connaissait si bien pour en être son auteur. Le repas fut amer ce soir là pour Kandhar qui devenait, à tout juste onze ans, un homme, un messie, tant attendu par ses aïeux. La lune surplombait le château de ses rayons stellaires tandis que Serpentard accueillait en son sein l'espoir de moults générations. Un fardeau lourd à porter qui ne le quitta que vers minuit, provisoirement, tandis que Morphée recevait ses baisers ensommeillés.

Les six premières années que passa Kandhar au château furent marqué de ce même schéma mathématique. Comme si une sorte de prophétie arbitrait ses actes et déraisons, implacable fatalité qui vous rattrape toujours. Il portait sur ses épaules les espoirs d'un père qui se faisait vieux tandis que son verbe assenait cynique, les valeurs d'antan. Il faut dire que le petit avait du mérite et qu'il grandissait bien, devenant chaque jour un peu plus beau et fort. De nature vive et c curieuse, il apprenait vite et raisonnait avec raison. C'était un rationnel, plutôt bel homme qui se montrait aussi conservateur que possible, pour un jeune homme de son âge. Il évoluait avec grâce dans les mornes corridors, solitaire et hautain personnage. Archétype de l'anti-héros. Fier, arrogant, sûr de sa petite personne, il inquiétait autant qu'il séduisait de par son esprit cultivé, son élégance ostentatoire et ses manières traditionnelles. On le détestait, on l'enviait, on le craignait. Quoi qu'il en soit, Kandhar n'était point de ces jeunes hommes qui laissent indifférent. Ne semblant guère se soucier des âmes qui l'entouraient, il embrassait mère solitude de ses chastes caresses, s'adonnant tout son saoul aux arts de la photographie ainsi qu'à la musique classique, unique mélodie qu'il daignait entendre. Gaspard était sans nul doute le seul élève qui trouvait grâce à ses yeux. Sa haine envers lui était profonde mais il ne pouvait s'empêcher de respecter son ennemi, secrètement cela s'entend. Très ambitieux, il impressionnait ses professeurs, multipliant les prouesses. Élève assidu, travailleur, persévérant, il impressionnait, gênait même parfois les adultes qui ne savaient trop comment s'introduire dans son univers. Sa soif de connaissance, toujours plus grande demeure à cette date son premier atout. Son joker de cœur.

La seule ombre au tableau demeurait la petite Leïka, symbole même de la fraîcheur contemporaine dont savent se voiler les jeunes femmes d'aujourd'hui. La belle et douce Leïka, sœur jumelle de notre Kandhar incarnait la honte de la famille. Jamais femme n'avait été autant volage et anti conformiste qu'elle n'était. Elle s'élevait, prônant son opinion contre les avis d'un père parfois violent. Kandhar ne soufflait mot, considérant avec amertume la fatalité qui faisait d'elle une merveille, déchue de son piédestal. Mais si l'aîné (de quelques minutes seulement) n'avait de cesse de l'accabler, de condamner sa conduite avec ferveur, il n'en demeurait pas moins respectueux de son toupet. Jamais lui, n'avait eu tel courage et sans doute n'en aurait il jamais un centième. Qu'importe, il brillerait de par son intelligence aristocratique là où elle s'élèverait par ses talents d'oratrice et sa force intérieure. Après tout, il ne fallait pas trop en demander aux femmes, ces êtres faibles qui n'étaient sur ce monde que par pure nécessité. Pour créer les hommes de demain et satisfaire les besoins primaires de garçons orgueilleux. De jeunes hommes tels que lui. Aussi kandhar décida t'il d'ignorer cette vulgaire catin qui lui faisait de l'ombre, salissant le tableau d'honneur, le tableau de chasse. Il devait se concentrer sur sa mission. Il devait réussir et éclipser Carmichaël une bonne fois pour toute. Quel qu'en soit le prix, il sacrifierait jusqu'à sa propre mère.