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 il est un jeu qui n'a ni perdants ni gagnants : on l'appela la vie. - diodora schön.

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Diodora Schön

Diodora Schön


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MessageSujet: il est un jeu qui n''a ni perdants ni gagnants : on l''appela la vie. - diodora schön.   il est un jeu qui n'a ni perdants ni gagnants : on l'appela la vie. - diodora schön. Icon_minitimeVen 15 Mai - 0:56

Diodora Cassarah Schön
Quatorze ans, Quatrième année

    « Comme une musique infinie que son rire démentiel qui éclate auprès de moi. Elle est la poupée qui passe des larmes aux grands sourires et des sourires aux longs soupirs, tandis que nos âmes se déversent sur son corps parfaitement épuré des hontes qu’ont pu lui faire connaître nos congénères. Je ne sais pas quand a commencé le désastre, quand ce creux, ce gouffre profond s’est creusé au fond d’elle, pour ne plus laisser qu’une enveloppe charnelle, bien belle certes, mais à l’extrême opposée de ce qu’elle est. Des lèvres qui s’étirent à n’en plus finir, des yeux qui pétillent, comme le reflet des bulles éclatant dans sa coupe de champagne, menaçant de déborder à tout moment, et entre mes bras, pauvre esquisse de la perfection, je la sens vide, vide de tout, de sens, d’amour et d’ambition. J’aimerais qu’elle cesse de se lever le matin sur des jambes tremblantes et éponger son visage humide des cauchemars de la nuit quand elle pense que je dors encore, que son regard ne se perde plus sur le lointain quand elle suit le nord, qu’elle cesse de se réfugier sous ses montagnes d’or. Pauvre petite fille remuant sur du rock’n’roll, ta vie triste te fait bien trop de torts. Viens donc danser contre moi, encore une nuit, encore une fois. Chanter tout bas, jusqu’à t’exploser la voix. Mais à chaque fois que vient le soir, que s’élève l’astre lunaire, tu t’échappes, troquant ta cage dorée contre une seconde aux apparences plus mielleuses.

    J’avais trois ans de plus qu’elle, un vague sourire constamment au bord des lèvres, un brasier ardent à la place du regard. J’avais connu des femmes accomplies, des blondes et des brunes, des qui hurlent à la mort, des qui gémissent et ondulent lentement, qui dansent entre mes bras, qui dansent contre mon corps, jusque ce que la nuit se meurt. J’avais connu les excès, mon lit s’en ressentait, mon lit me le rappelait. Je disais être un homme, faire de ma vie un rêve éveillé, ne m’attacher à rien ni personne, jouer, manger, dormir, rêver, boire, taper, baiser. Oui, mon avenir me paraissait certain, mais c’était compter sans elle. Moi qui pensais que jamais l’amour ne m’atteindrait, qui me riait de ces couples enlacés. Elle a atteint mon cœur, fait trembler mes membres, mes yeux la dévorent, et sans arrêt, mes pensées la réclament auprès de moi. Mais elle s’enfuit, elle est plus libre que moi. Je redessine l’horizon de ses courbes, je rêve de voir mes mains se déposer sur ses hanches, de tenir entre mes bras son corps fragile. Poupée qui manque de tomber à chacun de ses pas. Elle sourit face à vous, toujours, et pleure en secret, dès que le noir commence à envahir le ciel, dès qu’elle se retrouve seule avec elle-même. Ses sanglots me déchirent le cœur, ses cris me conduisent en enfer. Elle ne veut d’aide de personne, cache son mal-être au plus profond d’elle-même. Masque de fierté, celle dont elle ne sait se dépêtrer. Le moindre de ses actes est conditionné par celle-ci, et jamais elle ne montre les émotions ressenties. Elle se veut inhumaine, ou tout simplement plus qu’humaine. Abat la moindre de ses faiblesses pour s’envelopper dans cette apparence parfaite. Ne jamais se permettre la moindre erreur. Ce n’est pas qu’elle est insensible, au contraire, elle a une sensibilité exacerbée, et c’est justement pour cela qu’elle en éradique chacune de ses formes, quelles qu’elle soit, par peur sans doute. Peur de la trahison, peur de l’attachement, peur de trop donner sans rien recevoir en échange. Je la comprends. Chaque fois que je la regarde, j’ai l’impression d’y voir mon double féminin, qui danse sur les flammes de l’enfer auquel elle s’est elle-même destinée. Fourbes démons qui la hantent. Je les vois s’agiter sous ses paupières closes, j’aimerais tant les lui retirer. Pas une nuit où elle rêve, jamais rien que des visions d’horreur qui s’inscrivent là, et elle remue, elle essaye tant bien que mal de se sortir de la vase, avant de se réveiller en sursaut, transpirant de sueur, et l’effroi se lisant dans ses yeux. Si fragile et si forte à la fois. Jusqu’à en devenir dingue. Excellente comédienne, elle sait feindre la sociabilité quand son esprit rêve de vous envoyer paître. Tentez de la connaître et elle ne se gênera pas pour le faire. Si vous souhaitez vous brûler les ailes, passer outre les avertissements qu’elle vous lance en gardant ses distances, en mentant au moyen de son formidable jeu d’actrice, alors elle n’aura aucune pitié à les incendier, et vous propulser dans ce gouffre sans fond que vous ne pouvez plus survoler. Lucide et innocente à la fois, ses yeux d’enfant vous guette, mais son intelligence vous perce. Vous vous engagez dans le puit sans fond qu’elle a creusé pour vous, elle admirera votre chute, et s’en délectera presque. Il ne peut en être autrement, vu la royale ignorance dont elle fait preuve quand l’attachement des autres envers elle crève les yeux. Mais non, elle demeure à la fois affectueuse et distante, juste assez à la fois pour ne pas vous laisser partir, mais pour ne pas vous contenter non plus. Ses mots résonnent comme une douce mélodie mais insinuent bien des choses, imperceptibles tant que vous n’apprenez pas à la connaître par cœur. Mieux vaut donc rester dans l’ignorance. »

    « Un charme surpuissant, une élégance envoûtante, des traits d’une beauté innommable, qui lui donnent bien facilement deux à trois ans de plus, si ce n’est au-dessus. Elle vous perdra, tout comme moi. Et bientôt, je vous accueillerai auprès de moi, compatissant, les bras grands ouverts. Vous vous perdrez dans ses yeux bleu abysse, vous vous prendrez à rêver de laisser glisser votre main dans sa soyeuse chevelure claire, douce et fine, puis sur sa poitrine trop bien dessinée pour son âge, comme un cadeau du diable, redessiner ses courbes. Vous aimeriez voir vos lèvres se lier avec les siennes, vermeilles, pulpeuses, gourmandes, brillantes, et votre langue jouer avec la sienne. Vos doigts s’emmêler, vos voix se joindre l’une à l’autre pour chanter, vos cœurs pour aimer.

    Et elle danse, là, en plein milieu du salon, riant aux éclats. De fossettes se creusent au coin de ses joues rosies. Sa nuisette épouse ses formes si joliment dessinées, et sa basse extrémité se gonfle au rythme qu’elle lui impose. Sa longue et fine chevelure d’un châtain magnifique lui vient au visage à chaque fois qu’elle ralentit, recouvrant ses grands yeux bleu abysse, bleu abîme, frangés d’épais cils noirs. Toute l’innocence et la malice du monde semblant y habiter, s’y côtoyer, alors qu’elles n’existent pas même pour elle. Une enfant. Elle ressemble à une enfant à l’aura puissante, au charme fou, avec ses membres si fins que l’on se demande de quelle manière ils s’y prennent pour la tenir, une enfant qu’on a envie de protéger, d’emmener loin de ce monde empli de pourritures. Tout à coup, des larmes coulent sur ses joues, perles tranchantes nous fendant le cœur, tombant sur le sol dans un silence annonçant la fin. Des rigoles de noir descendent de ses yeux cendrés, sa bouche déjà pulpeuse gonfle sous le sel, sa lèvre inférieure tremble légèrement, vous laissant totalement désemparé. L’une de ses bretelles glisse de son épaule trop ronde, et c’est l’explosion finale, celle qui vous emporte bien plus loin que ce que vous auriez pu penser. »

    Savez-vous ce qu’est l’ennui ? Cet ennui qui emplit votre vie de vide, qui vous rend maussade, vous fait rêver d’aventure et vous laisse finalement formidablement frustré. De ne pas pouvoir voir vos envies trouver un aboutissement, vos désirs s’accomplir. Je n’ai pas eu le loisir de connaître cela. Ma vie fût un peu trop pleine en rebondissements. Je ne sais ce qui est la meilleure et la pire de ces deux possibilités. Sombrer dans la dépression, ou revivre sans arrêt le passé. Je ne sais plus quand tout a commencé. Ca remonte à si loin.

    Je me souviens des hurlements derrière la porte, de ma petite voix tremblante qui tentait de les couvrir en leur suppliant d’arrêter. Je me souviens de mes joues brûlantes, de leurs mutuels reproches, et de la nuit qui s’écoulait sur la moquette. Sans doute m’imaginais-je petite fée et que, si je restais suffisamment longtemps derrière la porte, ils finiraient par se calmer. Il m’est arrivé deux ou trois fois, ainsi, de m’endormir devant la porte du salon, tel un chien de garde. Tout aussi fidèle et stupide à la fois. Mes parents, ces deux êtres que je prenais en modèle et en lesquels je plaçais une confiance sans bornes, se déchiraient. Je grandissais avec l’image de cet amour passionnel mais destructeur. A aimer trop, on se détruit. Je l’ai vite appris par moi-même, mais étant donné que c’était le seul auquel j’étais vouée, seule notion de celui-ci que j’avais acquise et appris, je ne sus jamais comment aimer modérément. C’est de là que naquit ma décision de ne m’attacher à rien ni personne. Entraves à ma liberté de penser. Cela dura plusieurs années encore, cela dure toujours à vrai dire. J’appris alors que la magie ne pouvait tout régler. Qu’elle ne savait pas maîtriser les sentiments. Que les problèmes de couple, pour Moldus comme sorciers, étaient les mêmes. Que je ne vivais pas dans une bulle, protégée de tout. Que la pureté de leur sang dont ils vantaient sans cesse les mérites ne comblait pas tout. Qu’il y avait un moment où il fallait prendre des décisions par soi-même sans crainte des représailles, pour ne pas finir écrasé contre la pierre froide. Et encore… Qui dit que cela suffira ? Et alors mon cœur saignait sous les yeux de tous pendant que mes yeux riaient, et que mes lèvres s’étiraient en un sourire, figé là pour l’éternité. J’appris à mentir, à jouer. Et puis, quand le mal prit trop de place, à détruire à mon tour. Je faisais vivre au monde l’horreur à laquelle il m’avait soumise.

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Diodora Schön

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MessageSujet: Re: il est un jeu qui n'a ni perdants ni gagnants : on l'appela la vie. - diodora schön.   il est un jeu qui n'a ni perdants ni gagnants : on l'appela la vie. - diodora schön. Icon_minitimeVen 15 Mai - 0:57

    Elle courait au milieu des hautes herbes, laissant son regard parfois couler derrière elle, vérifiant l’avancement de mon parcours. Je l’entendais rire à gorge déployée, avant d’être interrompue par son souffle court. Les herbes folles battaient contre ses mollets et ses cuisses, avec bruit, et je savais très bien qu’elle forçait sur ses jambes frêles et tremblantes afin de retarder toujours plus l’instant de nos retrouvailles. Mais mes mains vinrent indubitablement rechercher sa taille, ses hanches clairement dessinée sur ce ventre plat qu’elle arborait ; un cri perçant s’échappait d’entre ses lèvres roses, venant amorcer notre chute, et son rire reprenait, rythmant nos roulades dans cette imposante végétation qui ombrageait nos corps d’adolescents. Le soleil avait jauni ce qui était autrefois verdoyant, l’été battait son plein, assimilant la pleine à un champs immense, rendant les brindilles sèches et cassantes.J’observais son visage rayonnant, le sourire qui envahissait celui-ci, et ses yeux pétillants qui se plongeaient dans les miens pour ne plus en sortir. Je crois que je ne m’aperçus du voile qui avait peu à peu recouvert cet éclat brillant dans ses yeux que lorsque je vis cette première larme rouler sur sa joue, dessinant une traînée sur son visage jusqu’à rejoindre sa bouche en bouton de rose qu’elle avait sûrement pour but de gonfler de sel. Mais ce n’était que le point de départ d’un flot que rien ne semblait pouvoir interrompre, et bientôt, ses ongles étaient venus s’ancrer dans ma peau, recherchant un appui, et je sentais sous moi son corps tremblant, qui se recroquevillait peu à peu, ses lèvres qu’elle mordillait, les faisant devenir vermeilles, étouffant les gémissements qui auraient probablement dû écorcher mes oreilles. Comme toujours, je me sentais désemparé face à ses brutaux changements d’humeur, poupée fragile qu’un rien semblait pouvoir briser. Elle était de celles qui s’animaient avec la pureté et l’innocence d’une enfant, tourbillonnaient sur les premières notes, pour ne jamais les finir, ses pas s’enchaînant avec la grâce d’une nymphe envoûtante, et ses pas étaient chancelants, elle tenait à peine sur ses jambes, et pourtant, cela, personne ne le voyait. Mes bras l’avaient entouré, sa tête était venue se poser contre mon torse, et je sentais sous mes doigts qui s’étaient déposés contre son dos les soubresauts de cet être fantastique qui dissimulait sous sa carapace bien des mythes et réalités effrayantes. Et tout le monde s’y méprenait. On la regardait se mouvoir, elle affichait en public ce sourire angélique, ce regard rieur, et sa voix douce et calme captivait. On lui aurait donné le bon dieu sans confessions, et pourtant, je savais pertinemment de quoi elle était capable. Je me méfiais de ses inconstances, de ses trahisons désinvoltes, de ses phrases acerbes, piquantes, de ses mots tranchants qui vous étouffaient au moment où vous vous y attendiez le moins. Une seule erreur de votre part pouvait faire se transformer l’ange en démon, et quand elle s’avançait vers vous, vous ne pouviez deviner qu’en ce bout de femme admirable se cachait ce qui serait bientôt votre plus grand mal. Elle avait tout à fait conscience de ce qu’elle faisait, j’en étais persuadé. Chacun de ses pas vers vous avait un but, une raison inconnue du reste du monde, qu’elle dissimulait aussi bien qu’un acteur devant la caméra dissimulait l’être qu’il était hors du plateau illuminé. Voilà, c’était exactement ça. Elle enchaînait les rôles, se plongeant tantôt dans l’un, tantôt dans l’autre, et sa personnalité était divisée en des centaines de caractères et facettes que j’avais perdu tout espoir de percer. Elle avait semé la destruction autour d’elle, et j’en avais été le spectateur, et le pire était encore qu’aujourd’hui, les victimes venaient toujours s’agenouiller à ses pieds, réclamant son amitié, ou tout du moins la conception qu’elle en avait. Quand on la pensait pure, je la savais souillée. Lors des réunions mondaines où personne de son entourage ne se serait aventuré, je l’avais maintes fois vue avec un verre d’alcool à la main, une cigarette entre les lèvres, vulgarité qu’on n’aurait pu lui soupçonner. J’avais vu apparaître dans ses yeux cette lueur d’assurance qui clochait tant avec cette fille à laquelle vous songiez. Et ces corps qui venaient se coller au sien, ces mains qui redessinaient ses courbes, et qui finissaient par venir chercher l’une des siennes, pour la mener dans une autre pièce, vers un nouveau lendemain. Parfois inquiet, j’étais passé près de ces portes closes, et ces gémissements qui s’étaient élevés m’avaient paru si différents, sa voix était si différente, normalement. Malgré tout, je ne doutais pas pour autant de sa fragilité, de cette faiblesse qui surplombait la puissance de son caractère, et de ce mal-être qui la rongeait, puissant, venimeux. C’était celui qu’elle déversait sur le monde, quand sa personne n’était que bienfaisante, ses maux la métamorphosaient, mais elle était craintive face à ses actes, et ses prises de conscience étaient violentes. Parfois, en me plongeant dans son regard, je ressentais le vide qui l’habitait, le froid polaire qui enserrait son cœur. Ses mains étaient alors machinalement venues faire sauter les boutons de ma chemise, tandis que nos figures se rejoignaient. Je me laissais faire, à chaque fois, en sachant qu’il n’y avait que ça pour que ses cauchemars cessent, qu’elle s’y perde jusqu’à effacer ces fantômes qui la hantaient. Et quand sa chevelure reposait sur mon épaule, je savais que ses larmes avaient séché.

    Le verre brouillé intégré à la porte laissait entrevoir les silhouettes qui s’agitaient, dans le salon. Elle entendait les cris incessants, les immondes reproches, leur colère gonflait et explosait en même temps que les larmes de la gamine, les mots étaient tous plus durs les uns que les autres. Parfois, on percevait un bruit de verre brisé - un vase, ou encore une statuette -, à d’autres celui d’une table que l’on retournait, déversant ce qui y était déposé sur le sol, fracas assourdissant. Et dans leurs disputes les plus violentes, il arrivait qu’une gifle parte, attisant la haine du mari ou mettant l’épouse à terre. L’enfant, elle, passait ses nuits à veiller devant la porte, attendant patiemment que leur numéro se termine. Souvent, elle s’endormait sur le palier de celle-ci, et quand la haine n’émanait pas de leurs corps extatiques, que leur arrogance à la fois blessée et grossie n’empiétait pas sur leur raison, l’un d’eux venait prendre entre ses bras cette silhouette recroquevillée, tombée malgré elle entre les doux membres de Morphée, et la faisait glisser entre les draps de soie, qui venaient recouvrir ses courbes chaudes. Le reste du temps, ils se contentaient de l’enjamber avant de rejoindre chacun une chambre différente, dans le grand et sombre manoir londonien qui, au fil des années, n’avait rien perdu de son cachet. Elle se réveillait pendant la nuit en sursaut, tirée à un rêve cauchemardesque en noir et blanc, avec des cris et beaucoup de sang, et courait se réfugiée dans son antre. Au petit jour, elle longeait les murs froids et sans vie, avec cette étrange impression de ne faire qu’un avec la pierre. Une seule et même entité. De temps à autre, elle entamait l’un de ces dialogues si spéciaux avec les tableaux excentriques, fronçant les sourcils, entrouvrant la bouche, souvent choquée, incompréhensive, parfois moqueuse, laissant son rire leur parvenir, faible et fluet encore.

    On s’agite dans la pièce, les voix stridentes des elfes ne cessent d’animer l’endroit. La table est mise, en chêne massif, elle semble interminable, et la jeune fille aux boucles dorées n’ose imaginer combien de personnes ont été invitées à cette réception. Elle a quatre ans à peine, une bouche en cœur, de lourdes anglaises qui retombent sur ses minuscules épaules, et sa robe d’un tissu rose feutré enserre ce torse sans forme aucune. Sa peau est pâle, presque translucide, et ses jambes sont bien fines. Seul son visage rayonnant demeure rond. Elle ressemble à ces poupées de porcelaine que l’on expose, qui décorent la pièce, et qu’on ne prend qu’avec délicatesse. Ses grands yeux bleus s’ouvrent sur le monde, et son sourire envahit l’endroit. Quelques minutes plus tard, les convives se font apercevoir, et bientôt, on se bouscule, on rit, on bavarde, on joue avec le bout de sa baguette.
    « Diodora! »
    Elle virevolte vers sa mère qui la couve d’un regard protecteur auquel elle ne croit déjà plus. Désillusionnée si jeune, voilà qui est bien triste. Ses souliers vernis claquent contre les dalles, elle rejoint sa génitrice et la réjouit. Elle aperçoit la main de son père dans son dos, leur proximité frappante, ces regards enamourés qu’ils se lancent, et déjà, elle comprend. Elle comprend que tout cela n’est qu’un jeu, un rôle à tenir, une couverture dont ils se revêtent avec élégance, et qui la laisse froide et insensible.
    « Dora, chérie, je voudrais te présenter l’une de tes tantes, Evaëlle. »
    Cette femme est ignoble : ses ongles sont crochus, son visage trop poudré, et elle sent le lait pour bébés. Seule sa robe blanche, si longue qu’elle vient balayer le sol, lui apporte un soupçon de grâce. Elle est pleine de bijoux en tout genres, fantaisistes ou plus classiques, qui tintinnabulent, contre son cou, ses poignets, ses doigts.La demoiselle à l’honneur fait fi d’un dégoût qu’elle parvient à dissimuler, déjà maître de ses émotions grâce à un monde sans pitié où la race du sang est portée au couronnement. Comme partout, elle inonde le lieu de sa joie de vivre, plaque une bise baveuse sur la joue de la mégère, babille, gazouille, rie en laissant ses fossettes apparaître au coin de ses lèvres, devient le centre de l’attention.
    Et puis on se met à table, son père annonce un toast, leurs mains avides portent des verres dont le contenu reluit d’un bleu psychédélique.
    « Mes chers amis, si nous vous avons ici réunis en ce jour, ma femme et moi, c’est pour vous annoncer une grande nouvelle. »
    Son regard perçant roule sur la tablée, s’accrochant furtivement à chaque visage. Le silence s’est fait, et chacun est pendu à ses lèvres fines et sans couleurs.
    « Nous allons avoir un deuxième enfant. »
    Des murmures montent, éclairement les rangs, les félicitations qui fusent, et les premiers applaudissements qui retentissent, contaminent la salle. Dio, elle, demeure assise sur sa petite chaise, interloquée et songeuse. Cela voulait-il dire que tout s’arrangeait ?
    Les mots apparaissent au creux des assiettes d’argent. On entend les cliquetis des couverts, qui résonnent contre le haut plafond, étouffés par les bavardages habituels. Les verres ont été vidés et resservis, la petite a à peine touché aux deux assiettes qui ont déjà défilé ; les grands parlent de choses qui l’ennuient ou l’embarrassent, l’euphorie gagne peu à peu les invités. Diodora se lève, se dirige vers les toilettes.
    Quelques secondes plus tard, enfermée dans le cabinet où elle se contentait d’observer la porte close, loin de ces bruits qui n’étaient plus qu’un fond sonore, grondement oppressant, des coups de talons contre le sol se firent entendre, la faisant se figer. C’était sa mère, elle aurait pu reconnaître entre mille le rythme de ses pas cadencés, régulier. Elle pensait que sa main allait abaisser la poignée, se heurtant au verrou, mais il n’en fût rien. Des murmures ne tardèrent pas à arriver, dans lesquels s’animaient une certaine vivacité.
    « Que comptes-tu faire ? »
    C’était une voix d’homme, grave, dont elle sentait la puissance en ces simples mots. Elle cherchait à en trouver le propriétaire, mais les visages se confondaient, la laissant ignorante. Elle n’y faisait jamais attention. Ces gens l’indifféraient totalement. Et en cet instant, elle se détestait pour cela, pour son manque de prudence, la haine enflant son cœur contrit.
    « Rien. Aux yeux de tous, cet enfant est né de mon union avec mon mari. Je ne viendrai pas la perturber. Nous n’avons rien à y gagner. Il portera le nom de Schön. »
    Le silence fit place, à moins qu’une réponse ne soit inaudible pour la petite.
    « Je ne te demande rien. Je pense seulement que dorénavant, il vaudrait mieux ne plus nous voir ensemble. »
    La voix de sa mère était froide et distante. Elle étouffa un rire jaune. Diodora s’était levée, et avait fait tourner le loquet. Mrs. Schön s’était immédiatement retournée, sa chevelure blonde fouettant l’air, et dans son regard bleu abysse, elle n’avait lu que l’effroi.
    « Dio… »
    Le visage fermé de la petite auquel elle faisait face n’avait rien d’apaisant, et l’incitait au contraire à l’angoisse.
    « Monte dans ta chambre. J’arrive tout de suite. »
    Sa petite main contre la rambarde des escaliers, elle avait bientôt entendu la voix de sa mère dominer l’assemblée. « Diodora ne se sent pas bien. Vous m’excuserez, je reviens. » Et dans tout cela, elle passait pour une mère attentionnée. Haha. Dora atteignit la dernière marche. Elle lui avait semblé plus haute que toutes les autres, plus dure à franchir.
    Sa mère pénétra la chambre où les voiles de tulle d’un bleu sombre s’accordaient avec la couleur de ses yeux glacés.
    « Ecoute, chérie… Ce que tu as entendu… »
    Elle marqua une pause, recherchant visiblement les mots qui serviraient à expliquer une telle situation à un enfant de cet âge-là.
    « Pour le bien de notre famille, il vaudrait mieux que ça reste entre nous. »
    Elle hocha vaguement la tête, et se réfugia sous les couvertures. Elle n’avait nulle envie de s’étendre sur ses sujets, elle aurait juste souhaité que cette statue de sel réponde à toutes ces questions qui s’immisçaient dans son esprit et venaient le perturber. Au lieu de cela, elle quitta le lit sur lequel elle s’était reposée, rassérénée devant l’indifférence qu’elle lui opposait, et se dirigea vers la porte.
    « Mère ? Père… ?
    - Oui, c’est ton père, ma puce.
    - L’amour n’existe pas, hein ?
    - Non. Non, il n’existe pas. Pas pour les gens de notre rang, en tout cas. Ce n’est qu’un sentiment passager synonyme de faiblesse. Il rend vulnérable. »
    Elle se retourna dans son lit, le regard rivé sur la tapisserie unie. Elle ne se marierait jamais.
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Diodora Schön

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MessageSujet: Re: il est un jeu qui n'a ni perdants ni gagnants : on l'appela la vie. - diodora schön.   il est un jeu qui n'a ni perdants ni gagnants : on l'appela la vie. - diodora schön. Icon_minitimeVen 15 Mai - 0:58


    Elle tourbillonne autour d’elle, papillonne, sautille en tous sens. Diodora la chasse d’un revers de la main, cherche à concentrer toute son attention sur sa Métamorphose. En deuxième année, Dio est déjà une brillante élève, qui marque de par son intelligence et sa réflexion.
    « Delia, je n’ai pas le temps ! Je dois finir mes devoirs. »
    La petite fait la moue, et Diodora voit une larme perler au coin de ses yeux noisettes. Elle fait tout pour éviter de la regarder, ne voulant pas se laisser attendrir et distraire.
    Delia ne lui ressemblait décidément pas. Absolument pas. Elle était tout son contraire, aussi bien physiquement que moralement. Ses cheveux étaient bruns quand les siens brillaient d’or sous le soleil plombant, elle avait des yeux de biche d’une couleur commune, chocolat chaud, quand elle les avait océans, sa peau était mâte quand celle de Dora luisait au clair de lune, et elle était pleine d’énergie, jacassant sans arrêt, le sourire ineffaçable, l’âme d’enfant qui résistait envers et contre tout au monde impitoyable. Là où Diodora revêtait ses différents rôles, jouant interminablement, Delia était constamment vraie, intègre, sincère. Si Dora y tenait plus que tout, elle se montrait également froide et sévère envers elle, car elle représentait tout ce qu’elle ne pouvait pas être : confiante, naturelle, insouciante et entière. Elle évitait cependant d’aller jusqu’à se montrer abjecte envers elle, car elle avait bien remarqué le comportement de ses parents envers elle, qui en ferait bientôt une gamine capricieuse et intolérante si personne ne parvenait à la dompter. Cette manière qu’ils avaient de tout lui laisser passer, cédant au moindre de ses désirs, la laissant toujours agir comme elle le souhaitait, ne la réprimandant jamais. Et si Diodora l’avait enviée durant les premières années pour cela, elle avait vite compris qu’ils ne faisaient preuve envers elle que d’une réelle indifférence. Son père parce qu’il ne s’agissait biologiquement pas de son enfant, et sa mère parce qu’elle avait compris qu’elle ne pourrait en tirer pour la famille rien de plus qu’en Dio, et même bien moins en réalité. Pourtant, Diodora, elle, était sûre qu’on aurait pu en faire une fillette docile et aimante, réellement dévouée. Au fond, ce n’était pas plus mal, qu’on lui laisse ainsi sa liberté.
    La petite s’en était alors allée, décidant de s’occuper seule, et son aînée avait pu se replonger en paix dans la transformation des objets en corbeaux. Pas pour longtemps. Quelques secondes plus tard, un cri perçant s’éleva du jardin, passant par la fenêtre entrouverte, et l’élève studieuse s’était levée précipitamment. Dévaler les marches, ouvrir les portes d’un coup sec, traverser l’herbe. En combien de secondes était-elle parvenue en face du lac ? Une bonne trentaine, si ce n’était plus. Par Merlin et Morgana, par les fées des Ténèbres et la richesse des Gobelins, elle espérait ne pas arriver trop tard. Mais ces réflexions s’imposaient inconsciemment à son esprit, sans qu’elle ne s’arrête, car déjà ses vêtements s’humidifiaient et se gonflaient d’eau, tandis que ses yeux scrutaient dans les profondeurs la silhouette de sa sœur. Elle savait qu’elle était là. Delia jouait toujours auprès de l’eau, et sa chaussure était restée sur l’herbe, au bord. Sale garce, elle lui en faisait voir de toutes les couleurs. Pourvu qu’il ne soit pas trop tard. Bientôt, sa main s’accrocha à une étoffe familière, et elle ramena le petit corps tout contre elle. Les yeux de l’enfant étaient clos, et quelques bulles s’échappaient encore d’entre ses lèvres. Diodora peina, tentant de remonter à la surface, le poids de l’enfant entre ses bras, et son jean qui pesait lourd sur ses jambes, l’entraînant toujours plus vers le fond. Puis deux sources de lumière les avaient enveloppés, les baignant dans de douces lueurs, couleurs qui se mêlaient l’une à l’autre. Dora conservait ses yeux irrités ouverts dans l’eau claire, observant le spectacle. Et puis le temps l’avait emporté, et elle s’était réveillée dans l’herbe, sous le soleil qui tapait, Delia entre ses bras et leurs vêtements dégoulinants.
    « Delia ! DELIA ! »
    La petite avait remué doucement, gémissante, avant d’entrouvrir péniblement ses yeux sombres. Dio s’était retirée d’un coup. Aucune séquelle, et elle ne se souvenait plus comment elle avait atterri là. Trou noir. Elle se remémorait seulement ces lumières aveuglantes, qui avaient semblé jaillir de chacun de leurs corps et se mêler, comme protectrices.
    Elles comprirent que cet évènement avait changé leurs vies quand elles se rendirent compte que les émotions fortes ressenties par l’une se répercutaient en écho en l’autre, quelle que soit la distance qui les séparait. Peine, souffrance, joie, … Elles étaient désormais liées, plus que n’importe quelles sœurs, plus que n’importe qui.

    « Valence ! Rends-moi ça !
    - Dis-moi, Diodora… J’ai vu tes prouesses auprès du jeune Gavner, à la soirée chez les Landry. »
    La surprise première passée, Dio avait laissé un sourire satisfait dominer son visage.
    « Tu vas à ce genre de soirées, toi ?
    - Il faut croire. Je ne savais pas que tu connaissais les Landry.
    - Je pourrai te renvoyer la pique. En fait, je déteste Elena.
    - Tu plaisantes ? T’étais pendue à son bras. »
    Elle haussa les épaules, indifférente. Elle avait peut-être un peu forcé sur la boisson.
    « Enfin, quand tu n’étais pas à celui de John, j’entends.
    - Serais-tu jaloux, Ridgeway ? »
    L’adolescent, après avoir manqué de s’étouffer, partit dans un rire envahissant la pièce. Un peu plus tôt, les deux jeunes gens, sûrement cousins éloignés, les mariages se faisaient décidément en famille, par ici, s’étaient réfugiés dans la chambre de Diodora, fuyant les adultes et leurs flatteuses paroles. Elle ne croyait pas elle-même à une réponse positive. Elle ne faisait que le taquiner, comme d’habitue. Des moqueries qu’ils poussaient parfois un peu trop, lançant les dés d’un jeu dangereux.
    « Tu ne penses pas un mot de ce que tu dis.
    - En effet.
    - Gavner a…
    - Le même âge que toi. »
    Valence tiqua, visiblement désappointé. Ils avaient cinq ans d’écart, ce qui ne les avait jamais empêché de s’entendre, et ce dès leur plus jeune âge.
    « Et il est marié, ajouta-t-elle avec fierté. A Lena. »
    Elle le narguait, il le savait. Il secouait la tête, paraissait exténué.
    « Vas-y, critique.
    - Les jeunes, c’est plus c’que c’était.
    - Pourquoi, Valence ? Tu n’aurais pas dit non. »
    Sa voix s’était enveloppée de velours, alourdissant l’atmosphère de la pièce. Les regards rivés l’un sur l’autre, l’un dans l’autre, leur proximité frappante qu’ils remarquaient enfin. Et puis Diodora éclatait de rire, se levait, et tirait de sa poche une cigarette en s’approchant de la fenêtre.
    « T’arrêtes jamais…
    - Faux. Alors, c’est quoi cette fois ? »
    La fumée verte avait commencé à se répandre autour d’elle, l’embaumant d’une odeur de cannelle.
    « J’ai besoin que tu éloignes S. de sa petite amie. Mais ne les fait pas rompre, ce sera plus facile pour moi de la lâcher après, et de l’humilier par moi-même.
    - Facile. Dis-moi, Valence… C’est quand que tu me fais passer au niveau suivant ? »

    « T’es sûre que ça ne te dérange pas ? »
    Diodora relève la tête, elle croise le regard inquiet de son interlocutrice.
    « De quoi ?
    - Ben, que je sois avec Ulrich. »
    Elles étaient dans la Tour d’Astronomie, les jambes battant le vide, observant les étoiles. Avec qui sortait cette fille, ça ne regardait qu’elle, et elle avait même complètement oublié cette idée.
    « Pourquoi ça me dérangerait ? »
    Avoir l’air un minimum intéressée. Un sourire apaisant s’était dessiné au coin de ses lèvres, tandis que son regard doux cherchait les yeux de sa camarade.
    « Je ne sais pas… C’est ton cousin. Ca pourrait te déranger. Si c’est le cas, dis-le-moi, ton amitié est bien plus importante pour moi ! »
    Qu’était-ce que cette manie qu’avaient les gens de s’attacher aux autres, quand son cœur, lui, demeurait froid et impénétrable ? Elle fit venir jouer sa main dans la chevelure de la jeune fille, tendre.
    « Ne dis pas de bêtises, poupée, tu en es folle. C’est mon cousin par alliance, et ça fait des années que je n’ai pas parlé à O’Cleary. Sans compter le fait que si tu devais supprimer de la liste de tes futures conquêtes toutes celles ayant un lien de parenté avec moi, je crains qu’il ne reste plus grand monde pour toi à Poudlard. »
    Son sourire s’élargit, et l’anxieuse se dérida. Le regard rieur, elle cessa de jouer pour reporter son regard sur les étoiles lumineuses.
    « Je t’adore Dora, tu sais ?
    - Oui, je sais… »

    Ses mains glissaient sur son corps, explorant la moindre parcelle de sa peau.
    _____
    « Tu as changé, Diodora.
    - Toi aussi, Ulrich. Il paraît que c’est ce qui arrive, avec le temps. »
    Parmi les premiers mots qu’ils s’étaient échangés, ceux-ci figuraient en-tête. Il les avait prononcé alors que ses mains enserraient le bassin de sa copine, le regard rivé sur Dio, et elle sans un sourire. Cette séance d’observation était alors essentielle, le temps qu’elle sache ce que son cher cousin était devenu. Plutôt sexy, en tout cas.
    L’heureuse élue retourna son visage vers Dora, rayonnante. Immédiatement, la demoiselle avait retrouvé l’apparence de la fillette fragile et faible, qu’on enserrait de ses bras pour la soutenir, de crainte de la voir se répandre sur le sol, inerte.
    ___
    Et leurs lèvres se rejoignaient, ballet immoral ; dans sa tête des voix hurlaient, provoquant sa satisfaction. Elle semait la souffrance, sous ses airs d’enfant innocente. Elle se complaisait à berner, leur prouver qu’ils n’étaient que des créatures sans cervelle, pitoyables et crédules. Ne t’attache pas à moi, ou je te ferai sombrer.
    Ses ongles s’ancrèrent dans son dos, lui rappelant ses provocations passées. Ses regards qu’il détournait. Il ne posait pas les yeux sur elle, au contraire de la foule rassemblée, admirative déjà devant cette rayonnante enfant.

    L’enfer qui s’ouvre sous ses pieds, sa vision qui se trouble. Les larmes coulent sur ses joues, par dizaines, centaines, milliers, mouillant un visage déformé par la douleur, la folie. Elle s’arrête brusquement, et à travers ses yeux brouillés par l’humidité des gouttelettes de verre, tombant telles des lames, la seule chose qu’elle aperçoit, c’est ce miroir reflétant sa face détruite. Elle peine à demeurer sur ses jambes affaiblies, le carrelage froid semble vouloir l’accueillir. Sa main, dans un élan incontrôlé, vient balayer les flacons de parfum qui se répercutent contre la glace, pluie de verre brisé, morceaux se déposant sur le sol et ses bras, ouvrant sa peau sans même qu’elle ne s’en aperçoive. Plus de douleur, juste celle qui la ronge. Elle se laisse tomber au milieu des débris, lacérant immédiatement sa peau, le carrelage blanc se teintant de sang. Et l’angoisse toujours présente, cette impression de mourir, les peurs qui vous rendent dingues, et les milliers de voix dans votre tête qui se répercutent et se mêlent, sans que vous ne sachiez plus lesquelles vous appelle. De longues heures s’écoulent là, durant lesquelles les morceaux creusent plus loin encore, et enfin, la poupée s’endort, lasse de tout, de son combat surtout.

    Je ne les obligeais pas à m’aimer. Vous étiez si faciles à berner. Il suffisait de quelques mots bien placés, d’un geste bien pensé, de se rapprocher, et de laisser la suite aller. Je me retrouvais rarement coincée, savais passer mon chemin quand la personne croisée ne correspondait pas à mes ambitions de chasseresse. Un seul regard, et je savais qui je pouvais me permettre d’approcher, qui me laisserait glisser les mains sur son corps, qui accepterait de faire s’envoler les tourments qui me hantaient. C’était la seule manière que j’avais de survivre, tu ne l’avais jamais compris. Je ne pouvais pas me permettre l’exil, voir le sang couler de mes veines ouvertes, hurler, pleurer dans la nuit. Je passais déjà deux mois par an à calmer mon esprit ainsi, la période estivale où la chaleur engourdissait mon cœur éclaté,
    mais Poudlard était bien trop plein pour que je me risque à oublier les cris de mon esprit ainsi le reste du temps. Non, ils venaient décidément à moi sans problème partager ce que j’avais à offrir. Ma cruauté résidait en ce que je ne les laissais pas revenir, alors que je voyais leurs regards qui me suppliaient, entendais leurs voix plaintives qui s’élevaient. Je me refusais à l’attachement. Les rares cibles régulières étaient celles au cœur de pierre, qui ne se préoccupaient pas de ma personne. Je ne savais ce que je fuyais. L’amour, une raison d’être. Je ne savais pourquoi la peur me paralysait dès que ce mot était prononcé à mon égard. Pourquoi les « je t’aime » me bloquait au point de me laisser sans voix. Je savais que l’autre finirait par partir, me laisser seule face à un avenir incertain, ç’avait toujours été ainsi. Si mes parents n’avaient su me supporter, qui pourrait bien le faire ? Vos regards se posaient sur moi, admiratifs, mais vous ne me connaissiez pas. Je ne faisais miroiter que la meilleure partie de moi, que ce que je voulais que l’on voie. Manipulatrice, égocentrique, jusqu’au bout des ongles, ma protection comptait bien plus que tout autre chose.


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